Cinq jours plus tôt…

Les tensions causées par la coupure d'électricité étaient encore intactes lorsque....
Dans chaque boîte aux lettres de la ville et dans chaque suite du Tramonto d’Oro se trouvait une enveloppe, d'apparence banale. A l’intérieur, une invitation on ne peut plus particulière…

Un bal masqué à la villa Cimbrone ? Qui pouvait bien être à l’origine d’un tel événement tout droit sorti d’un film ou d’une sérié télévisée ? Ce n’était pas n’importe qui, qui pouvait se permettre de privatiser un endroit aussi luxueux ? Aucune signature ne trônait en bas du carton d'invitation. Pas même une indication sur le potentiel expéditeur. Le mystère était entier. Le départ précipité de Dante pour des raisons « officiellement » professionnelles était encore sur toutes les bouches. Et s’il s’agissait d’un cadeau d’adieu, empoisonné ? Et si au contraire, l’ennemi public numéro 1 était pour une fois innocent ? Tant de questions qui s’entrechoquaient dans l’esprit de toutes et tous. Pour percer à jour le secret de cette lettre, il n’y avait qu’une seule et unique solution : se plier aux demandes particulières de l’expéditeur, se parer d’un masque et se rendre au château à la date et à l’heure prévues.

Jour J...

Les habitants et vacanciers commençaient à arriver en masse. Tous avaient respecté le dress code, tous étant sur leur 31 et portant le fameux masque, celui qui les rendrait le temps d’une soirée « anonyme ». Les regards balayaient inlassablement l’espace, comme si chacun espérait lire à travers les yeux des autres la réponse à toutes leurs questions. Qui parviendra à comprendre ce qu'il se passe ? Qui réussira à percer le secret de ce bal masqué ? Si vous pensez que la vérité est à portée de main, détrompez-vous tous car vous n'êtes pas au bout de vos surprises...

Informations : ce topic commun est destiné à l'ensemble des membres. La durée du topic se décidera en fonction de l'avancée de cette intrigue. N'hésitez pas à poster court, c'est fait pour ! Sachez que vous serez grandement sollicités au sein de ce topic commun... ce ne sera pas un simple bal masqué... mais faisons durer un peu le suspens !

« Cette robe blanche ne ressemble-t-elle pas trop à un apparat de mariage ? » demanda Maddalena à Alessio*, tandis qu’elle se scrutait dans le miroir. « Mais non, tu es parfaite. » répondit l’homme tout en déposant un baiser sur ses lèvres. « Quel dommage que tu ne puisses pas m’accompagner ce soir. » A vrai dire, Maddy n’avait aucunement envie d’aller à ce bal masqué mais elle s’y forçait car dans des villes comme Praiano, être présent aux évènements majeurs était important. Elle soupira et décida que cette robe irait très bien, tout compte fait. Elle coiffait sa chevelure rousse lorsqu’elle entendit la sonnette retentir dans le hall d’entrée. Elle rangea le plus rapidement possible tous ses ustensiles de beauté et descendit les marches de l’escalier. Maddalena ouvrit la porte. Son regard se posa sur le costume ravissant de son fils. « Leandro, tu es bien ponctuel ce soir. Ca ne te ressemble pas, es-tu donc si pressé d’emmener ta vieille mère au bal ? » Car oui, son cavalier – puisqu’Alessio* devait être absent pour le travail ce soir là – ne serait autre que son fils, Leandro, qui avait proposé la chose à sa mère. Certes, cela semblait étrange et mettait le fils Teobaldi pour quelques instants dans la position de fils à maman, mais ils avaient convenu tous deux qu’ils ne resteraient pas toute la soirée ensemble. Maddy devait se faire une raison, son petit garçon avait grandi et elle devait à présent le laisser voler de ses propres ailes. Et elle avait l’intuition que Leandro avait quelques idées derrière la tête pour cette soirée, et généralement ses intuitions ne la trompaient jamais. « Allessio*, nous y allons. Bon courage pour ce soir ! » « Bon courage à toi aussi » répondit-il en passant la tête à travers l’ouverture de la porte du salon pour lui lancer un sourire narquois.

* prénom pour le père Orlandini non définitif, c'est un prédéfinis encore libre.

Amadeo était friand de ce genre de fête. Il avait reçu ce sublime petit carton d’invitation, dans sa chambre, et tout de suite son sourire s’était illuminé. Une fois encore, il avait le moyen de passer une excellente soirée et de côtoyer son petit monde. Mais le thème le laissa penser qu’il n’y avait pas le Tramonto d’Oro club seul, qui était convié à ce bal masqué, justement à cause du port du masque. Servait-il à permettre aux habitants et vacanciers de faire plus ample connaissance sans préjugés ? Si c’était le cas, il était contre ce choix stupide. Mais il pouvait se tromper, alors il ouvrit son placard et contempla tous les costumes qui se trouvaient à sa disposition. Tous valaient une petite fortune. Mais il se dit qu’un costume noir allié à une chemise blanche conviendrait, après tout, les grands classiques sont indémodables. S’observant dans le miroir après s’être paré de son uniforme de fête, il en conclut que tout était parfait. Il ne restait plus qu’à mettre un masque sur son visage, celui qui gisait sur sa table de nuit, et il était fin prêt. Ce qu’il y avait de drôle avec ces masques, c’est que les organisateurs devaient être persuadés qu’on ne reconnaitrait personne, mais Amadeo savait bien que sa chevelure brune bouclée n’avait rien de méconnaissable. Elle lui était attitrée. Tout le monde saurait qu’il était dans la salle. Un peu plus tard, il arriva donc gaiement dans cette salle, ayant montré au préalable son carton d’invitation, et il observait les environs, constatant qu’un type n’avait visiblement pas compris le thème de la soirée. Quel crétin il faisait ! Mais il ne rit même pas, il avait juste de la peine pour la jeune femme qui l’accompagnait. Les lieux étaient en tout cas splendides, et il s’imaginait comme un prince. Jetant un regard à une demoiselle seule, alors qu’il venait de s’emparer d’un verre de champagne, il percuta de plein fouet une dame qui était en train de discuter avec du monde et une charmante demoiselle à ses côtés. La totalité du verre se déversa sur les pieds de cette dame, et il fut horrifié. Sa maladresse légendaire lui jouait des tours. « Pardonnez-moi, je vous prie de m’excuser, je suis vraiment confus, je ne regardais pas où j’allais… » s’exprima-t-il difficilement dans un italien pompeux qui ne lui seyait même pas, lui le nouveau riche qui se prenait pour un aristocrate. Il ne s’adressait même pas à la dame qui semblait être la mère de la personne qu’il fixait. Elle avait capté son regard, et au diable la mère.

Juliana Montecchi était une de ces femmes que tout le monde détestait. Elle était belle, grande, mince, sportive, mais absolument détestable. Était-ce sa richesse qui l'avait rendue ainsi ? A vrai dire, on ne savait pas vraiment d'où cela pouvait-il bien venir. Son frère n'était pas non plus très apprécié de la plupart des gens, mais il l'était toujours plus que la blonde. Juliana estimait qu'elle n'avait pas besoin d'amis, que le concept de l'amitié n'était qu'une croyance stupide qui ne pouvait que lui faire perdre son temps. Bien entendu, comme toujours, il y avait quelques exceptions à la règle, mais elle préférait ne pas en parler. Si bien du monde espérait qu'elle ne viendrait pas à cette fameuse soirée masquée, cela l'amusait encore plus de venir. Elle s'estimait d'ailleurs chanceuse d'être blonde, car elle pouvait ainsi passer bien plus inaperçue que si elle était par exemple rousse. Il risquait d'y avoir un bon nombre de blondes à cette fête, et elle comptait là-dessus pour faire tourner bien des têtes. S'il fallait retenir une chose essentielle sur la vie de la jeune femme, c'était qu'elle était capable de se lasser d'absolument tout. Rien ni personne n'était assez bien pour la satisfaire sur le long terme, sauf peut-être son frère. D'ailleurs, Jules aurait souhaité se rendre à ce bal masqué avec lui, mais visiblement Monsieur avait des plans. Soit, tant pis. Elle pouvait très bien s'y rendre seule, de toute manière. Il lui fallut peu de temps pour trouver la robe parfaite et un masque qui pourrait faire l'affaire. Elle possédait tant de choses qu'on pouvait même se demander s'il lui manquait quoique ce soit, en fait.

Ce fut un sourire moqueur dessiné sur ses lèvres rosées que la jeune Montecchi arriva au bal. La soirée devait sûrement avoir commencé depuis quelques temps déjà étant donné le monde présent. Perchée sur ses hauts talons, Juliana s'avança, poussant plus ou moins violemment certaines personnes sur son chemin, faisant même tomber une brune tellement maigre dont même Victoria Beckham pouvait briser les os en la tenant un peu trop fort. Puis elle emprunta le verre de champagne d'un inconnu au passage, en buvant une gorgée avant de le poser sur une table au hasard. L'ambiance était peu intéressante de là où elle se trouvait, Jules décida de se rendre dans les toilettes, histoire de voir si sa coiffure était toujours impeccable. En entrant, elle surprit une jeune femme un peu ronde grignotant des petits fours, cachée derrière la porte. La jolie blonde arqua un sourcil, avant de s'arrêter devant le miroir un mètre plus loin. « Avec un tour de taille pareil, tu ferais mieux de te faire vomir plutôt que de t'empiffrer ici. » lâcha-t-elle tout en tirant un peu sur sa robe, avant de jeter un regard moqueur à la jeune femme. Cette dernière s'en alla d'ailleurs immédiatement, n'osant même pas répondre à la chasseuse. « Que de faibles femmes par ici. » souffla-t-elle en soupirant presque, avant de retourner se mélanger à la foule. Bon, y avait-il quelqu'un qui méritait son attention dans la salle ?

Ce n'était pas dans les habitudes de Liam de se rendre dans des bals, en tout cas en tant qu'invité. Si l'on pouvait l'apercevoir dans ce genre d'évènements, c'était souvent purement professionnel. Il était évident qu'il préférait nettement prendre des photos sous-marines, ou tout simplement de paysages extraordinaires qu'il avait la chance de voir, mais parfois il n'avait guère d'autre choix que de faire des portraits ou de simples photos pour un reportage quelconque. Il n'eut aucun mal à trouver une tenue pour ce fameux bal masqué, ayant toujours dans sa valise un costume prêt à être revêtu pour n'importe quelle occasion plus ou moins importante. Quant au masque imposé, il en acheta un en ville le jour-même. Il ne manquait plus qu'une chose essentielle : une cavalière. En premier lieu, il n'eut aucune idée de qui inviter. Il ne connaissait après tout pas énormément de monde depuis son arrivée ci, et encore moins de jeunes femmes célibataires. Il pensa même à s'y rendre seul un instant, mais finalement une idée lui vint à l'esprit, et cette idée portait le nom d'Elizabeth. Si au départ leur relation n'était pas la meilleure qui soit, au fil du temps et au bout de presque deux mois cette dernière s'améliora pour devenir ce qu'on pouvait appeler une amitié. Ce fut donc vers elle que le trentenaire se tourna, et heureusement pour lui, elle accepta aussitôt.

Ils avaient convenu que Liam devait chercher la demoiselle Kennedy assez tôt, pour qu'ils aient le temps de se rendre à cette fameuse villa Cimbrone. Bien entendu, le Néo-Zélandais souhaitait s'y rendre en moto, et il fut difficile de convaincre Lizzie, peu convaincue au départ. Mais elle accepta finalement, et ce fut ainsi qu'ils arrivèrent au bal, peu après que ce dernier ait commencé. Il y avait déjà bien du monde, et si en général Liam ne reconnaissait pas les habitants de Praiano, cette soirée rendait la chose bien pire avec tous ces masques. Bras dessus, bras dessous, Ballantyne invita Elizabeth à entrer avec lui, se mêlant ainsi à la foule. « Aurais-je oublié de te dire que tu es absolument ravissante dans cette robe ? » glissa-t-il à sa cavalière, après avoir balayé l'endroit des yeux. Il avait déjà dû le mentionner une ou deux fois, mais qu'importe, les femmes étaient connues pour apprécier les compliments. Répétitifs ou non. « Tu as soif ? » demanda-t-il tout en cherchant le buffet du regard.

C'est un regard blasé et exaspéré qu'Elisea porta sur son colocataire alors qu'elle le vit paré d'une blouse de médecin et d'un masque autour de la bouche. Renzo n'avait clairement pas bien saisi le thème de la soirée et bien qu'elle ait passé un bon moment à lui essayer de faire comprendre, le brun était plutôt entêté et ne semblait pas vouloir se séparer de son déguisement ridicule pour adopter une tenue plus adaptée. Alors qu'ils se rendaient ensemble à la soirée organisée par des inconnus, à la villa Cimbrone, Elisea réfléchissait aux divers moyens qu'elle allait pouvoir trouver pour esquiver son colocataire puisque c'était clair : elle ne pouvait pas passer la soirée avec un mec accoutré pour une soirée d'Halloween. Honteuse, c'est avec une moue boudeuse qu'elle suivit son ami dans la voiture qui les ména jusqu'à la villa. « Tu devrais t'habiller en fille plus souvent. Je finis par oublier que t'as des seins, parfois, tu sais ! » Fronçant les sourcils de mécontentement, cela n'eut pas pour effet d'améliorer l'humeur de la blonde qui ne comprenait pas réellement la plaisanterie, sans même savoir si cela en était une. Susceptible, elle croisa les bras en lançant un regard noir à Renzo, pour lui faire comprendre qu'il était effectif, le seul, à en rire. Puis, Elisea était tout ce qu'il y a de plus féminine et n'avait pas l'impression de ne pas « s'habiller en fille » le reste du temp. Quoique pour Renzo, s'habiller en fille n'incluait probablement que les jupes hyper-courtes et les décolletés pigeonnant. Une fois arrivés devant la villa, Elisea se mit à observer les personnes alentours et pu rapidement constater que le déguisement inapproprié de Renzo attirait indéniablement l'attention. Elle porta alors son masque devant ses yeux -un masque couleur or à tenir devant son visage-, espérant alors passer plus incognito à ses côtés une fois cachée par le masque. « Tu avais peut-être raison, tout compte fait. » Poussant un petit soupir exaspérée, la blonde se tourna vers son ami. « Pourtant, tu devrais le savoir maintenant, que j'ai tou-jours raison ! » Puis, s'avançant vers l'entrée, elle se tourna ensuite vers son ami avant d'annoncer : « Allez viens, il va me falloir une bonne coupe de champagne pour supporter tout cela. »

Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'il avait réussi à la convaincre. Pourquoi ne pas la laisser passer une énième soirée devant son ordinateur ou encore sa console de jeux ? Si encore elle avait un petit-ami, ou si elle connaissait une grande partie des invités, là ce serait différent, elle aurait été emballée à l'idée de se rendre à ce bal. Mais ce n'était pas le cas, et visiblement son cousin était déterminé à l'y emmener. Il avait longuement insisté, mais Daphne était bel et bien aussi têtue que lui ; ce devait être de famille, après tout. Suite à de longues minutes de débat, il avait fini par la convaincre par un argument qui n'en était pas réellement un au départ : sa vie sociale quasiment inexistance qui engendrait un certain manque de féminité. Si lorsqu'elle sortait de chez elle la rouquine semblait être la fille populaire à la pointe de la mode dont le QI ne dépassait probablement pas la moyenne (un cliché, certes), ce n'était pas le même scénario lorsqu'elle restait à la maison, et Enio ne voyait quasiment que cette deuxième facette de sa personnalité. Décidée à lui montrer qu'il se trompait, elle mit du temps à se préparer avant de partir, une occasion pour également faire s'impatienter son cousin. L'étudiante n'avait jamais encore porté une tenue comme celle qu'elle avait choisi pour cette soirée ; non seulement sa robe était courte, mais elle était rouge. Même si elle appréciait être en robe, elle devait bien avouer que celle-ci était quelque peu audacieuse. Après une dernière touche de rouge à lèvres, elle fut fin prête. Lorsqu'elle descendit enfin, la jeune Battaglione put sentir l'agacement et l'impatience d'Eugenio à plus de dix mètres, ce qui lui fit esquisser un léger sourire.

La villa était absolument magnifique, même plus que d'ordinaire. Qui pouvait donc avoir organisé ce bal masqué ? Cette question était sur toutes les lèvres depuis que le village entier avait reçu le carton d'invitation. Daphne espérait avoir la réponse ce soir. D'ailleurs, c'était une des raisons pour lesquelles elle avait accepté de venir :l'idée de jouer au détective et résoudre le mystère sur l'identité de l'hôte lui plaisait assez. En entrant dans cette fameuse villa, la rouquine sentit son cousin glisser son bras sous le sien, ce qui la surprit mais ne l'étonna guère au final : c'était tout à fait le genre d'Enio. Ce fut alors qu'il lui murmura quelque chose à l'oreille qui lui fit arquer un sourcil. Eugenio tentait tant bien que mal de décoincer quelque peu sa cousine, mais sa mission était loin d'être un succès pour l'instant. « On verra. » glissa-t-elle en balayant la pièce de son regard brun. La jeune femme attrapa ensuite la coupe de champagne qu'il lui tendait, trinqua, et but ensuite d'une traite le contenu du verre. « Tu m'as l'air bien sûr de toi. Je me vois plus passer ma soirée sur une chaise plutôt qu'autre chose, tu sais. » Ce n'était pas qu'elle n'avait pas envie de s'amuser, mais à moins de tomber sur quelqu'un qu'elle connaissait, elle ne risquait sûrement pas de partir avec un parfait inconnu. Si la rouquine était tout à fait à l'aise lorsqu'elle connaissait la personne, ce n'était pas le cas quand elle ne la connaissait pas ; à moins d'un miracle, elle n'allait probablement pas faire de rencontres particulières ce soir. « Au fait, comment ça se fait que tu sois venu avec moi ? Addie ne vient pas ? » Elle avait beau ne pas être très proche de la brune, Daphne l'appréciait tout de même assez pour les imaginer ensemble.

Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’une lettre personnalisée ou quoi que ce soit du genre. D’après ce que les oreilles de Sadie avaient entendu, tout le monde avait reçu cette fameuse lettre, indiquant qu’ils étaient tous conviés à un bal masqué. La lettre exigeait une tenue correcte et un masque. Logique. En revanche, ce qu’elle ne précisait pas, c’était s’il fallait venir avec un cavalier. Pour dire vrai, Sadie n’y avait pas pensé jusqu’à ce qu’elle surprenne une discussion entre vacancières sur le fait de savoir avec qui elles iraient. Ah. Finalement loin de s’en soucier, la demoiselle préféra s’en tenir à ce qu’elle savait : Tenue correcte et masque. Ce qui était déjà bien assez. Bien que depuis son arrivée Sadie s’habillait exclusivement au rayon Old-Fashion, lorsqu’elle travaillait, elle avait pour habitude d’être sobrement élégante, après tout, on ne devenait pas assistante de magicien en un claquement de doigt et l’apparence y était évidemment pour quelque chose. C’est pourquoi elle retrouva dans sa garde-robe une robe de soirée asymétrique en or qui conviendrait bien pour l’occasion. Elle attacherait ensuite ses cheveux lisses dans un chignon, puisqu’on lui avait déjà fait la remarque qu’elle ressemblait à une gamine de treize ans lorsqu’ils étaient lâchés, vous parlez d’un compliment ! Et enfin, après qu’elle ait trouvé quoi se mettre, l’anglaise avait décidé la veille d’aller se chercher un loup, très sobre, noir.

Le Jour-J était enfin arrivé et c’est en fin d’après-midi, sans trop se presser, que Sadie Blithe se prépara. C’était bien trop d’effort pour l’occasion, si vous vouliez son avis, surtout que, même après une quinzaine de jours en tant que vacancière, Sadie était toujours seule. Enfin, ça ne la dérangeait pas, rien ne dérangeait la demoiselle. Une fois qu’elle fut prête, gardant la lettre dans la main, la jeune femme se rendit à l’adresse indiquée avec beaucoup moins de mal qu’elle ne l’aurait cru tant tout le monde avait décidé de venir en même temps qu’elle. C’est pourquoi, elle vit à peine le bâtiment dans lequel elle entra et se retrouvait déjà dans une grande pièce remplie de convives et de décors plus somptueux les uns que les autres. C’était surement très jolie, mais Sadie n’était pas d’humeur aux contemplations tant elle était préoccupée : elle était affamée.

Declan n'avait jamais vu une semaine se terminer aussi rapidement. Entre le moment où il avait découvert l'invitation dans son courrier et le jour J, il lui semblait que seules quelques heures s'étaient écoulées, comme si quelqu'un s'était amusé à appuyer sur le bouton d'avance rapide. Le plombier avait terminé sa journée de travail un peu plus tôt que d'habitude afin d'avoir le temps de se préparer. Declan venait tout juste de mettre l'unique costume que comptait sa garde-robe, un ensemble somme toute assez classique, mais parfait pour ce genre d’événement. Il se trouvait maintenant devant le miroir de la salle de bains, essayant de dompter ses cheveux. Tout en s'affairant à sa tâche, le jeune homme se laissa aller à quelques réflexions. Il venait seulement de se rendre compte qu'il n'avait jamais mis les pieds à la villa Cimbrone et qu'il n'était même jamais passé devant cette demeure. Ce bal était donc une occasion rêvée pour découvrir les lieux. Declan songea aussi que cela faisait une éternité qu'il ne s'était pas habillé ainsi. A vrai dire, la dernière fois qu'il avait revêtu un costume de ce genre, c'était pour le bal de fin d'année, au lycée. Il y était allé avec Hope, celle qui était désormais son ex-femme. Declan secoua la tête et ferma les yeux un instant. Mieux valait éviter de penser à elle, au risque de gâcher cette soirée. Il jeta un dernier coup d’œil au miroir et un sourire satisfait s'empara presque immédiatement de son visage. Il était enfin prêt et pouvait aller chercher sa cavalière. Avant de partir de chez lui, le jeune homme récupéra le masque, qu'il avait déniché deux jours plus tôt dans une boutique de déguisements et qui lui assurerait un certain anonymat au cours de la soirée, et le fourra dans la poche de sa veste.

Grâce à sa voiture, Declan ne mit pas longtemps à se rendre chez Isabella, puisque c'était elle, sa fameuse cavalière. Le jeune homme descendit de la voiture, se hâta vers la porte de la bâtisse et appuya sur la sonnette. Il était nerveux et avait l'étrange sensation de se rendre à un rendez-vous galant. Declan avait beaucoup hésité avant de proposer à Izzy d'être sa cavalière d'un soir. Il avait eu peur qu'elle refuse tout net. Aussi, quand elle avait dit oui, il avait été soulagé. Si elle n'avait pas voulu, il était clair que Declan n'y serait allé avec personne d'autre car, pour lui, Isabella était la femme parfaite pour l'accompagner au bal. Celle-ci ne tarda pas à ouvrir la porte, sous les yeux admiratifs du jeune homme. « Bonsoir ! Vous êtes ravissante. » affirma-t-il, en piquant un léger fard. Il était tellement impressionné par l'élégance de la jeune femme que ce fut les seuls mots qu'il réussit à dire. Declan donna aussitôt son bras à Isabella et la conduisit jusqu'à sa voiture. Tel un gentleman, il lui ouvrit la portière, avant de s'installer à son tour dans le véhicule.

Le trajet fut court pour arriver à la villa Cimbrone. Après être descendu de voiture, Declan disposa son masque sur ses yeux et offrit à nouveau son bras à Isabella, en lui souriant. Ils ne tardèrent pas à pénétrer dans la somptueuse demeure. Une foule de personnes se massait déjà dans la salle de réception. Toutes étaient masquées, comme le stipulait l'invitation. Un joyeux brouhaha retentissait dans les lieux, mélange de musique et de bavardages. Tout Praiano, ou presque, semblait s'être réuni au château. Declan se demandait toujours qui était l'instigateur de ce bal et quelles étaient ses raisons. En attendant d'en savoir plus, il comptait bien profiter de cette soirée en compagnie de la charmante Izzy. Le jeune homme avisa un serveur et attrapa deux flûtes de champagne sur le plateau que celui-ci tenait. « Un peu de champagne ? » proposa-t-il à sa cavalière, en lui tendant l'une des deux flûtes.

Tout en sirotant son breuvage doré, Declan jeta un œil aux alentours. Avec tous ces masques, il lui était impossible de reconnaître qui que ce soit. La seule personne dont il était sûr de l'identité, c'était sa cavalière. « On pourrait peut-être se tutoyer à présent… » En entendant la voix d'Izzy, le jeune homme reporta immédiatement son attention sur elle. Sa suggestion était pertinente et venait à point nommé. Désormais, ils n'étaient plus des inconnus l'un pour l'autre et la nature de leur relation était telle qu'ils pouvaient tout à fait se permettre de se tutoyer sans aucune gêne. « Si c'est ton souhait, alors, ça me va parfaitement. » approuva-t-il en souriant. Declan remarqua alors que sa cavalière ne semblait pas vouloir le lâcher. En effet, Isabella exerçait une légère pression sur le bras de Declan, ce qui lui donna le sentiment qu'elle s'accrochait à lui comme à une bouée de sauvetage. Il effleura doucement la main d'Izzy, comme pour lui signifier qu'il ne comptait pas la laisser en plan. Après tout, c'était lui qui l'avait invité à l'accompagner à ce bal. Ce serait donc malvenu de sa part de lui faire faux-bond. De toute façon, cela n'arriverait pas, puisqu'il était bien trop heureux de passer cette soirée en compagnie de la demoiselle. « M'accorderas-tu une danse ? » finit-il par demander à Isabella. Cette question le taraudait depuis que la jeune femme avait accepté de venir avec lui au bal. Après tout, ce genre de soirée consistait, entre autre, à réunir des personnes pour qu'elles dansent. Donc, Declan imaginait que tous les invités seraient amenés à danser à un moment ou à un autre. Sauf qu'il ignorait totalement si Izzy savait danser et si elle aimait le faire en public. Quant à lui, il n'était pas un excellent danseur, loin de là, mais il maîtrisait suffisamment de pas pour ne pas paraître ridicule et pour ne pas humilier sa cavalière. Pendant sa jeunesse, sa mère avait insisté pour qu'il prenne des leçons de danse de salon. Cette idée lui avait paru saugrenue à l'époque mais, finalement, cela lui avait sauvé la mise lors du bal de promotion. Et, ce soir, cela l'aiderait peut-être encore.

A sa plus grande joie, Isabella accepta sa proposition. Declan l’entraîna donc aussitôt sur la piste de danse. Il prit l'une des mains de la jeune femme dans la sienne et posa délicatement son autre main au creux des reins de sa cavalière. Voilà des années qu'il n'avait pas dansé. Declan espérait sincèrement qu'il serait à la hauteur et qu'il ne commettrait pas d'impair... en écrasant le pied d'Izzy, par exemple. Ce genre d'incident pouvait arriver tellement vite, et sans prévenir, bien entendu.
Les secondes s’égrainaient. Declan faisait doucement virevolter sa cavalière, en suivant le rythme de la mélodie, qui retentissaient dans la salle. Il prit soudain conscience que, jusqu'à présent, il n'avait jamais été aussi proche d'Isabella, sur le plan physique. À tel point qu'il percevait les battements du cœur de la jeune femme. Était-elle mal à l'aise de danser avec lui ? Ou était-ce un autre genre d'émotions ? A moins qu'il ne se trompe et que cela ne soit que ses propres battements de cœur qu'il ressentait...
Quoi qu'il en soit, cette proximité n'était pas pour lui déplaire. Declan était réellement heureux de partager ce moment avec elle. A cet instant, il n'aurait souhaité pour rien au monde se trouver ailleurs.
Lorsque le morceau arriva à sa fin, Declan arrêta de danser, mais il ne lâcha pas Isabella. Il plongea ses yeux dans les siens et se sentit comme sur un petit nuage, des papillons s'agitant dans son estomac. « Tu danses vraiment bien, Izzy. » sourit-il, l'air charmé.

Spoiler: