See I've been, breaking hearts, for far too long
Loving you, for far too long,
Making plans now, for far too long
Yes I've been breaking hearts, for far too long
Loving you, for far too long,
It's time I leave, it's time I'm moving on.

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Aujourd'hui cela faisait exactement un an que Cobb avait remis les pieds à Praiano, ville natale et responsable de bien des souvenirs. Certains étaient venus lui tenir chaud lors des nuits glaciales passées en plein désert du Namib. Il s'était souvenu de ce jour d'été où après une violente dispute avec son père, sa sœur cadette lui avait apporté des muffins fraîchement sortis du four pour le réconforter – nous ne parlerons pas du fait que Alessia est une très mauvaise cuisinière, ceci étant hors de propos. Mais certains autres étaient sans cesse réapparu pour l'empêcher de panser de vieilles blessures. Il avait cessé de compter le nombre de fois où le visage de Rose était venu flotter devant ses yeux, ce visage suintant une tristesse qu'aucun n'aurait pu qualifier, et ces prunelles noisettes lui offrant le regard le plus dévasté qu'il lui ait été donné de voir dans sa vie. Il l'avait brisée, il lui avait volé son cœur pour le jeter à terre et le piétiner avec acharnement. Et tout cela pourquoi ? Pour ne pas qu'elle ne souffre. Il avait préféré lui infliger une fulgurante mais temporaire douleur plutôt que de lui imposer une vie qui ne l'aurait jamais rendue heureuse. Il l'aimait, plus qu'il n'avait aimé quiconque dans sa vie, et il savait qu'elle l'aurait suivi à l'autre bout du monde dans un battement de cœur s'il lui avait demandé, mais il avait refusé de lui offrir ce choix. Encore aujourd'hui il ne savait si c'était le geste le plus altruiste ou le plus égoïste de son existence... Et alors qu'il arpentait de nouveau le théâtre de leur amour, les plaies du passé s'ouvraient une fois de plus. « Cobb ! » Arraché à ses fantômes par une voix curieusement familière, le jeune homme détourna ses prunelles de l'horizon pour les plonger dans un regard qu'il n'avait clairement pas envie de sonder à cet instant. Elio Montari. Ancien camarade de lycée et certainement son plus vieil ennemi. La guerre avait toujours été sournoise et silencieuse entre eux, pas de bagarres publiques ou d'insultes lancées à travers le terrain, la bataille s'était livrée sous terre à coup de poignard dans le dos et d'échauffourées. « Elio... » Il retint difficilement le soupir qui suivit et s'avança d'un pas vers le jeune homme, main tendue et sourire plaqué aux lèvres. « J'ai l'impression que ça fait une éternité que l'on ne s'est pas vus ! » Cobb laissa échapper un petit rire, déjà passablement ennuyé par cette conversation sans intérêt. « Plus de dix ans, ce qui peut s’apparenter à une éternité quand on a été marié trois fois avant d'atteindre la trentaine. » Et voilà que ses vieilles habitudes reprenaient le dessus. Cobb se mordit violement la langue et se força à rire pour détendre l'atmosphère. « Je vois que tu n'as pas changé. » Détrompe-toi mon grand, pensa Cobb en vrillant son regard dans le sien. « Disons que l'engagement et moi nous n'avons jamais vraiment été très bons amis. Et pourquoi se contenter d'un poisson lorsque l'on peut se régaler de l'océan entier ? » A ce rythme-là, la langue de Cobb allait finir en charpie. Il déglutit avec difficulté. « Je vois que toi aussi tu es resté fidèle à toi-même. » Dommage pour toi. Les deux rires et Cobb balaya les environs pour trouver un moyen de se sortir de cet enfer. Il aurait pu prétendre à une urgence, malheureusement son téléphone n'avait plus de batterie. Il pouvait également s'inventer un rendez-vous à l'autre bout de la ville, mais il avait tout de même bien envie de continuer sa balade quotidienne. Ce n'était pas Elio qui l'empêcherait de respirer ce précieux air marin et d'apprécier la vue. Lui dire de le laisser tranquille serait certainement perçu comme malpoli... Il commençait à être à court d'idées lorsqu'il aperçu une silhouette non loin d'ici. Elle avait beau lui tourner le dos, Cobb la reconnue en un coup d'oeil. Son cœur se serra violemment. Il savait que ce moment arriverait un jour où l'autre, il n'y était seulement pas préparé. Mais pouvait-il seulement l'être ? Repousser l'inévitable n'avait plus aucun sens désormais, et une part de lui n'avait rêvé que de cet instant depuis qu'il la savait revenue à Praiano. Il serra les poings et riva son regard dans celui d'Elio. « Je suis navré Elio, j'aurais adoré poursuivre cette conversation mais je dois rejoindre une amie. » Une amie... Le mot était bien loin d'englober tout ce qu'il avait vécu avec la jeune femme qui se tenait à quelques mètres de lui. Il s'éloigna d'Elio pour se diriger vers un second spectre de son passé. S'arrêtant à un pas de la jeune femme qui se tenait au bord de la falaise il laissa un instant son regard se perdre dans la tignasse brune soudainement happé dix ans plus tôt. Frappé de souvenirs encore trop vifs et douloureux il tendit une main tremblante pour venir effleurer l'épaule de la jeune femme. « Rose. » C'était la première fois qu'il prononçait son nom depuis plus d'une décennie et il réalisa à cet instant à quel point cela lui avait manqué. L'estomac noué, le cœur au bord des lèvres, il attendait qu'elle se retourne pour croiser de nouveau le seul regard qui avait jamais su parfaitement lire en lui.